PARENTIS EN CORNES

Dimanche 9 août

Il pleut depuis le matin, une pluie fine et têtue qui ne semble pas vouloir s'arrêter...
Pourquoi ai-je réservé une place pour la novillada de Parentis? Je serai aussi bien au fond du canapé à bouquiner ou à regarder la télé, surtout qu'il y a une corrida sur Andalucia, certes le cartel n'est pas terriblement torista, mais au moins je serai à l'abri...
Bon, j'ai réservé, j'y vais!
Surtout que des Bronquistes souhaitent me rencontrer. Enfin, rencontrer "Isa du Moun", mon identité numérique, je vais finir par être plus connue sous mon pseudo que sous mon véritable nom...

A Labouheyre, miracle, la pluie s'arrête! Je continue pas Lüe, et arrive direct sur les arènes. Je me gare au pied du château d'eau, au moins si je me perds, je le verrai de loin! Surtout qu'il est décoré de toros!
Je trouve un bronquiste courageux qui accepte de visiter Parentis, c'est à dire d'aller voir le lac. Je pensais qu'il était plus près du centre ville, le lac...
Pas grave, il faisait bon, on a marché. Un peu avant 18h nous sommes devant les arènes où la foule se presse. Une foule bigarrée, un peu vêtue « automne hiver » mis à part les festayres du cru qui sont en shorts blancs, chemises presque blanches, et foulards rouges.
Un prix est remis à je ne sais pas qui, je ne comprends jamais quand on parle dans les micros...
Dans les gradins on reconnaît Michel Cardoze et ses célèbres moustaches, tandis que j'ai derrière moi Erik Orsenna, à moins que ce ne soit un monsieur qui lui ressemble beaucoup.

Organisation cérétane, public de Parentis les flots (ou de Palavas en Born?)

Le premier toro est marron très très cuit aux pattes, un peu comme un gâteau au chocolat dont le fond aurait cramé. Il prend une bonne pique, suivie d'une glissade. La piste était bâchée, mais bon, avec la flotte qu'il est tombé depuis hier, ça semble glissant. Carlos Guzman, ré-embauché après sa brillante prestation de l'an passé, lève sa montera pour demander le changement de tercio. Faena ennuyeuse , suivie d'un interminable placement pour la mise à mort où on aurait eu le temps de taper trois tours de belote.

Le second toro est tout noir. Félix de Castro, venu de Valladolid, est vêtu de blanc et or. Derrière moi ça commente que c'est le petit dernier des Castro de Cuba, mais qu'il n'a pas pu approcher de la gamelle, c 'est pour ça qu'il est tout maigre. La première pique est ok, la seconde légère, les deux sont applaudies. Naranjo en profite pour faire un quite de sa cape papillonante. Puis Castro a toréé sans émotion, sur le passage, et fut pourtant applaudi de façon quasi-unanime, y a t'il quelque chose que je n'ai pas vu? Les dernières passes en regardant le public me semblent du dernier mauvais goût. Il tue l'animal d'une épée dans le jambon, les péones lui font attraper la tourniole, et il tombe. La foule applaudi, mais seulement 6 mouchoirs sont agités.

Le troisième toro est également tout noir. Naranjo emballe les gradins avec sa cape et ses façons latinoaméricaines. Au moment de la pique, il met le toro en suerte par des chicuelinas marchées, impeccable! A la seconde pique le picador loupe sa cible, donc on remet en suerte, et on recommence. Santiago Naranjo débute sa faena accroché à la talenquère (c'est le mot landais qui désigne les planches entourant la piste). Faena complète, à droite, à gauche, un peu en difficulté donc revenant sur l'autre coté, musique et tout, moi j'ai bien aimé. Un pinchazo sans lâcher l'épée, puis une entière dans le poumon gauche, très efficace à défaut d'être académique. Vuelta fleurie.

Le quatrième, tout noir, est un bolide de course! Le picador est bien secoué lors de la première pique, quasi éjecté de son cheval, mais il se remet en selle tout seul. Au second placement il le manque, mais le pique quand même, on croit rêver! La troisième pique est correcte, mais il lâche en cours de pousse. Puis on attend, le toro se déplace, on le replace, on s'ennuie, puis un péon le met quasiment sur le cheval à la sortie de sa cape, tandis qu'un spectateur explique que le toro manso a lui aussi sa lidia, et que ça peut être, parfois, intéressant. Guzman arrive alors, donne trois coups de torchon et le met à mort. Ah ouais?...

Au cinquième animal Castro se mélange avec sa cape, se demande si le toro doit passer à droite ou à gauche, et résultat se le prend en pleine poire et retombe en vrac. Là j'ai eu peur. Les péones l'embarquent, mais arrivé à la talenquère, il se reprend et veut repartir au combat. Vouloir c'est bien, mais vu le coup d'assommoir qu'il a pris, il serait mieux à se reposer un peu. Pendant ce temps le picador s'est fait attaqué par le toro, et sur les gradins, nous sommes tous bien réveillés! Le picador profite pour moitié assassiner l'animal, puis Guzman, se saisissant d'entrée de l'épée authentique, va pour le tuer. Inutile de vous dire qu'il c'est fait traiter de tous les noms d'oiseaux qu'on peut user dans ces cas là: « sin vergenza » « adios » « fuera » et le nouveau: « Las Vegas »...
Un type sur les gradins lui jette une bouteille en verre, qu'il ramasse et va donner à l'alguacil. Celui use de son pouvoir, et en accord avec la présidence, le fautif est mis à la porte de l'arène. Le fauteur de trouble, lui, sortira plus tard sous les huées...

A son dernier toro, Santiago Naranjo ne nous a pas régalé de passes de cape. Puis le novillo a pris deux piques faut voir comment. Les péones ont continué leur jeu de pose de mono-banderille, tandis qu'un spectateur se demande si la pluie n'aurait pas été préférable à ce spectacle lamentable... Brindis au public. Violent combat à droite. Puis à gauche. Heureusement Naranjo a du recours pour se sortir de situations difficiles. Puis ça s'améliore, musique!
Il fait tourner le toro autour de lui, enroulement, enroulage, enroulade, nem. Applaudissements. Une entière au même endroit que pour le premier toro, avec un effet aussi rapide. Vuelta fleurie de nouveau.

Le prix au meilleur picador n'a pas été attribué.
Celui à la meilleure pose de mono-banderille non plus, pourtant les concurrents étaient nombreux!
Dehors le soleil brillait, un superbe soleil couchant!

Bon tapas, bonne ambiance, bon tout!

isa du moun