ORTHEZ

Orthez dimanche 26 juillet à 18h.


Photos Laurent Larroque, tous droits réservés.

La guerre de Troie n'a pas eu lieu !

La première bataille était pourtant engagée entre des membres de la commission taurine orthézienne et le chef Grec guidant son peuple dans sa quête de conservation de la belle Hélène (caractérisée ici par le monopole du lectorat de "l'Internet tauromachique", et par delà même le monopole de la pensée…). Ménélas, toujours prompt à défendre son territoire, était parti les armes à la main, à coup d'éditos pimentés, dans une lutte sans merci contre une poignée de Rois Troyens quelque peu rêveurs qui partaient dans une odyssée de recherche d'encastes peu communes et de tauromachie authentique.
Il faut dire que le Spartiate ne ménageait pas son épouse, la belle Hélène. Il ne se privait pas de lui raconter que l'unité ne se ferait qu'en sa compagnie, sous peine d'invasion de quelques barbares. Elle, crédule, l'écoutait frissonnante, en pensant à cette tribu voisine qui faisait beaucoup de bruit, mais dont les armes n'étaient pas de la dernière jeunesse.

Les Barbares lançaient fréquemment quelques flèches en direction des Grecs, mais celles ci n'arrivaient jamais à franchir la palissade d'aucune forteresse. Ménélas en profitait alors pour montrer à ses camarades qu'il était incontournable, et bien que les flèches des barbares n'aient pas plus réussi à mettre en péril la Cité Troyenne, le chef des Grecs maintenait que c'était son talent d'organisateur et de stratège qui suffisait à calmer leurs ardeurs guerrières.
Le problème se posa quand Paris et quelques confrères décidèrent de montrer un peu la grandeur du monde à Hélène et la joie de la variété. Car à Sparte, Ménélas et consorts, s'obstinaient à cultiver la monotonie et l'uniformisation. Celle ci découvrit alors les merveilleux reliefs d'un monde plus étroit plus haut ou alors plus "boisé", et elle prit alors conscience que l'uniformisation du monde n'avait rien d'excitant.

Un beau jour, les Troyens, ayant prit du galon dans leur cité, décidèrent d'inviter Hélène pour une nouvelle découverte. Quand son mari vit l'invitation, il fut furieux, s'empressa d'envoyer une flèche vers Troie et interdit à sa belle d'aller rendre visite à ces lurons explorateurs. Les Troyens prirent pour une fois la peine de répondre, il faut dire que depuis quelques temps ils avaient beau bander leurs arcs, les quelques flèches de riposte qu'ils envoyaient finissaient dans l'eau aussi inoffensives que celles du chef d'en face !
Hélène quant à elle, qui en avait assez de se faire voir chez les Grecs, voulait à tout prix les rejoindre percevant même un sentiment de sécurité avec eux, car les flèches des barbares, à Troie, on n'en voyait jamais la couleur !
Malgré donc les recommandations pressantes de son époux, elle céda donc au chant des sirènes, décida d'accompagner Paris et ses amis, pour les suivre dans une Odyssée que tous espéraient prometteuse.

Or ce ne fut pas vraiment le cas, malheureusement. Les Troyens la laissèrent aux mains de guides peu désireux de découvrir les joies de ce nouveau monde (Adolfo Rodriguez Montesinos) bien que celui ci fût semé d'embûches.

Le premier guide (Ivan Vicente) lui fit découvrir ses talents d'infirmier. Satisfait de sa démonstration paramédicale, il voulut partager son euphorie avec la gracieuse, effectuant un tour à la première étape puis, il l'abandonna complètement dans le second périple estimant lui en avoir fait assez voir pour cette fois.

Le deuxième guide (Fernando Cruz) l'emmenait il est vrai sur les terrains les plus dangereux du pays, et il fit front au début car il devinait dans la tempête un chemin un peu plus accueillant vers la gauche mais le chemin était vraiment trop loin et le guide n'avait plus la force ni la maîtrise ? Alors quand il fallut repartir pour la deuxième escapade, s'en était trop pour lui et il rendit les armes, les abandonnant dans une caverne souterraine.

Le troisième et dernier guide (Raul Velasco) semblait le plus à même de guider la chère Hélène dans les contrées les plus reculées de ce pays si compliqué à découvrir, et c'est lui qui lui permit d'entrevoir alors, que derrière ce pays si peu hospitalier, se cache des provinces bien plus chaleureuses.

Hélène rentrant à Sparte raconta son périple à Ménélas son cher époux qui lui reprocha sa soif de découverte et d'exploration Le Spartiate tremblant de fureur ne put s'empêcher de lancer une dernière flèche vers Paris, mais il manqua sa cible et toucha la pauvre Hélène.
Malgré donc tous les assauts, les Troyens se moquaient bien des derniers assauts des Grecs et prenant exemple sur les Hellènes, ils disposaient maintenant du fameux cheval. Et bien que celui-ci fût encore imparfait dans son exécution, son évolution par rapport au cheval grec avait fait un bond spectaculaire. Il faut dire, que depuis quelques temps, les grecs n'étaient vraiment plus du tout fan des équidés et avaient même songé à les abandonner. Les Troyens au contraire en avait fait leur cheval de bataille, et ça, Hélène l'avait bien compris et en était ravie !

El Tito

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Dimanche 26 juillet, Orthez.

10h58 : le public tape dans les mains au rythme de " commencer, commencer ". Sont pas en retard dans ce village !

10h59 " allô allô " dit quelqu'un dans le micro. Faudra un jour le dire qu'un micro n'est pas un téléphone… Une annonce pour dire que le sorteo de la corrida après-midinale serait effectué en public dans l'arène après la novillada.

11h08 : sort le premier novillo de Don Angel Nieves pour le novillero Juan Carlos Rey. Pour les non-hispanophone "Rey" signifie " roi " ce qui veut dire que des parents dont le patronyme signifie " roi " l'ont baptisé du doux prénom de " Juan Carlos " qui est le prénom du Roi d'Espagne… Belle série à la cape pour l'amener au centre de l'arène dans un immense nuage de poussière, tandis que les spectateurs commentent qu'il va falloir arroser la piste à la mi-temps. Au moment du placement à la pique, c'est assez comique quand un de mes voisins commente : " le toro ne fonce pas sur le cheval parce qu'il ne le voit pas " C'est vrai que le nuage de poussière est très impressionnant… Une petite pique. Pour la seconde, le toro gratte le sol longuement, et quand il touche le cheval le picador le manque. On recommence. Le toro regarde tourner le cheval et gratte toujours, il va finir par creuser un sillon. Une longue pique sifflée et hurlée. Elle était bien pourtant, c'est quoi ces spectateurs de fêtes à Orthez ? Banderilles, bof. Le jeune torero entraîne le toro au centre sous les conseils du péon qui lui dit tout le temps " bien torero, bien " ou " tapa un poco mas " " bien torero, bien, es eso ! " Tandis que le torero dit " mira toro bonito, ah ! " S'il semble débordé au moment de la mise à mort, il lui enquille une entière très applaudie. Le puntillero le relève sous les quolibets, puis il retombe. Arrosage de la piste.

11h30 : le second cornu est pour Jose Marie Arenas. Son nom signifie " sable ", donc il est dessus. Très beau toro qui fait reculer le torero. Une pique puis s'en va. A la deuxième il fait demi-tour. On le replace. Deuxième pique. Deux passes de cape par dessus les épaules, style Espla, ou Fernando Cruz jeune, dont la seconde où le toro passe extrêmement près du corps. Il pose les banderilles, donc on l'applaudit avant. Les musiciens sont tellement ensuqués par la chaleur qu'ils ne se mettent à jouer qu'une fois la première paire correctement en place. Brindis au public. Les mamies d'à coté commentent le physique du jeune homme qui pourrait " presque " être leur petit-fils. Mais oui il pourrait, largement même ! Une entière, et après une multitude de descabellos, ma voisine dit " il devrait tomber " Oui il devrait, c'est juste qu'on ne sait pas à quelle heure. Avis. Le sang coule par ses naseaux, il tremble des pattes, mais le jeune essaye encore. Le puntillero est aussi maladroit que le torero, il va finir pas relever l'animal s'il continue… Ah non, il l'a tué. Arrosage de la piste.

11h55 : retour de Juan Carlos Rey. Une bombe toute noire et tout en muscles sort du toril et fait le tour du ruedo avant de rencontrer la cape de JCR. Mise en suerte au cheval pas terrible. Hachis parmentier sifflé. La troisième paire de banderilles fut posée par le péon qui conseille, et bien près de lui, à son âge et avec ses cheveux grisonnants, il devrait s'économiser davantage. Entame dangereuse du novillero. Il fait chaud, on marche sur son ombre, faudrait pas qu'il nous fasse une faena soporifique, je serais capable de m'endormir avant manger. Un second conseiller intervient " puesta, toca " le gamin a jeté l'épée factice et essaye d'enrouler le toro… il crie du " eh ah vamos " et "mira mira"… Épée : une demie, un descabello foudroyant (enfin) une vuelta en partie sifflée.

12h20 : Très joli toro gris noir avec une petite tête et des cornes pointues. Super accueil de cape, série dans la poussière levée : magnifique. Première pique : le toro n'a plus de piquant : les pointes des cornes pendouillent lamentablement. Banderilles musicales. A la première passe le toro se couche… fait chaud, c'est quand l'apéro ? 1/3 d'épée, les péons le font tourner dans un nuage de poussière, coup de puntilla, terminé.

12h45 : le cinquième toro, le sobrero, est donc sorti pour être combattu par le moins mauvais des deux garçons d'aujourd'hui, et ça tombe sur Juan Carlos Rey. Joli, noir avec des cornes pointues et pas cassées sur le burladero. Ah si, au troisième choc violent ça casse. Bel accueil au centre, une pique correcte tandis que les bouts de cornes effrités tombent sur la piste. Brindis à Ivan Vincente, tandis que les spectateurs se demandent qui c'est, et comparent les photos des toreros de l'après-midi, en se disant que c'est sûrement le premier, mais sans son costume, avec des lunettes noires, un chapeau de paille et de la barbe, il est quasi-méconnaissable ! Il fait chaud, je transpire. Je rêve d'un cidre à la pression bien frais. Un desplante à genoux, je rêve encore, le cidre ne devrait plus tarder… Il n'a rien fait et il prend l'épée. Un pinchazo, une entière, un coup de puntilla, c'est fini, ahhh ! A boire!!!

isa du moun, texte et petites photos.