FERIA DE BÉZIERS


Après un passage par Mimizan pour la non piquée, où Mario Alcalde et Matéo Julian ont toréé sans chercher à prendre la pose contrairement à leurs compagnons de cartel. Après le traditionnel abono aux deux novilladas de Parentis en Born, où un colombien voulut fumer le public en nous la jouant pueblo, où Daniel Martin toréa, mais où l’organisation très sérieuse de l’ADAP se voit mal récompensée de ses efforts, il était effectué un passage par la feria de Béziers.

Quatre journées taurines qui débutaient le jeudi 13 août au matin par une tienta de vaches des Monteilles, et se sont terminées par la traditionnelle corrida de Miura présentée depuis le début des années 80, et dont chaque année les aficionados locaux espèrent voir sortir le clone de la tarde de 1983, à laquelle j’assistais.

Sans vouloir réaliser une reseña parfaitement détaillée des différentes courses, car elles sont déjà diffusées sur le net notamment, un ressenti général sur cette feria s’impose. Il est tout d’abord à souligner l’heureuse idée de proposer une tienta entièrement gratuite, gratuité à relever vis à vis de ces arènes ou même la visite des toros aux corrales est payante et ou tout accès à l’envers du décor se fait sur invitation. Une tienta où l’aficion locale brillait par son absence, comme trop souvent aussi lors des non-piquées. Malgré les commentaires au micro difficilement audibles, et ne permettant pas aux néophytes de bien comprendre ce qui était expliqué, nous avons pu voir trois vaches qui prirent des piques (ce fût quasiment le seul moment de la feria où le tercio de varas se déroula correctement), mais aussi des élèves de l’école taurine locale sous la conduite de El San Guillen. Deux bonnes vaches sur trois, des piques plus qu’en corrida formelle, par contre des apprentis toreros qui pensaient plus à prendre la pose qu’à toréer, ce qui fût confirmé par les prestations des deux présents lors des non-piquées.

Les novilladas non piquées, justement, nous ont offert du bétail bien présenté, que ce soit celui de Yonnet le vendredi matin, comme celui des Monteilles le lendemain. Il est dommage que le fort parti pris du public local pour les enfants du pays, fausse tout jugement. Un Santi Mario qui estoque sont novillo comme un voleur, en plantant dans le voyage sans aucune préparation, et le voilà récompensé d’une oreille immérité rien que par ce geste. Bien entendu, il ne fallait surtout pas protester, car les regards mauvais se posaient sur nous. Ces mêmes regards de personnes croisées à Vic, et qui là-bas veulent le respect total du règlement… allez comprendre.
Allez comprendre aussi la vuelta posthume (en non piquée) pour un novillo des Monteilles, et dont les hurlements la demandant sont partis du callejon, juste à côté de la porte du train d’arrastre. La présidence hésita et céda à la demande, visiblement à contrecœur.
Par contre, si un novillero doit sortir du lot de ces deux matinées, c’est bien Mario Alcalde, suivi comme son ombre par Frascuelo. Nous pouvons d’ores et déjà saliver de cartels à venir d’ici quelques années, avec Juan del Alamo et Mario Alcalde. Il est aussi à noter l’absence de Cayetano Ortiz, autre novillero biterrois qui est tout de même arrivé demi-finaliste du concours des écoles taurines andalouses. Absence surprenante, étant donné que l’an passé il était présent, et que lors de cette feria, c’était le seul biterrois absent. Mystères insondables du mundillo ?

Les choses que l’on croyait sérieuses commençaient donc toujours le 13 mais à 18 heures, avec un cartel de « stars » comme l’annonçait la presse locale. Des mono-piques, des animaux très faibles au point que le second de Ponce s’effondre au moment où ce dernier va chercher l’épée d’estoc, et qu’il faut puntiller sans que le bicho n’est pu se relever, des toreros qui font avec les moyens qu’ils ont en face.
Le lendemain samedi, c’était le mano a mano, la corrida 100% française comme l’annonçait le journal local, puisque le bétail était des Monteilles ainsi que le sobresaliente. Il est à noter que seul Castella invita Morenito de Nîmes à exécuter un quite, son compañero arlésien ne fît même pas ce geste, par contre il frappa avec l’épée la dépouille de son premier adversaire qui venait de lui donner du fil à retordre. Un Morenito de Nîmes qui fît un très beau quite, parfaitement réalisé, et qui fût applaudi à juste titre. Mais cette corrida dès le début possédait un parfum de triomphe préparé, et qui s’est terminée par une sortie à hombros des deux toreros ainsi que du mayoral. Ce dernier étant invité par Sébastien Castella à se joindre au triomphalisme, alors que ses toros ne reçurent qu’une pique chacun. Une sortie du mayoral qui ne fût pas du goût de bon nombre d’aficionados, mais dont la presse du lendemain passa sous silence.

Qu’il ne faisait pas bon être le président de la corrida du samedi ! Un président qui essuya la bronca ainsi qu’un jet de projectile du public, au second toro qui semble s’être abîmé en piste une fois la lidia (si l’on peut parler de lidia dans ce genre de corrida) bien entamée. Ce même président qui sorti le mouchoir vert dès la sortie du 5è, s’effondrant dès son apparition du toril, le public incompétent continuant de hurler, ne comprenant pas que changer un toro ne se fait pas en quelques secondes. Le président, encore lui, se fait huer alors qu’il refuse une oreille au premier animal de Savalli, pétition minoritaire et totalement imméritée. Contrairement à certains, j’ai trouvé le président tout à fait à la hauteur, et moins à la solde des toreros comme on le voit de bon nombre des ses collègues. Savalli coupe l’oreille de son second, mais il est vrai que son toreo plaît au public biterrois, tout comme celui de Padilla, c’est tout dire. Lors de cette course, Jimenez coupe le pavillon de son second, suite à une bonne estocade. Bolivar fût inédit, ses adversaires ne permettaient rien.
La dernière journée de la feria mono-pique biterroise, fût ponctuée par une novillada formelle de Meynadier, des animaux très bien présentés, mais au moral en berne. A noter la bonne prestation de Caseres à son second. Par contre, Mathieu Guillon, qui remplaçait Thomas Dufau blessé, me régala, je le verrais bien au cartel avec Del Alamo et Alcalde… Cette matinée aussi, le biterrois du jour Tomas Cerqueira se voit attribué une oreille très généreuse. Une novillada à la saveur particulière pour moi, car le fiston fût initié à l’art taurin, et il veut revenir…

Au programme de l’ultime corrida du cycle biterrois de 2009, la traditionnelle miurada, avec Padilla, Valverde et Lescarret. D’aucuns auront trouvé que Valverde notamment, eut raison de ne pas insister avec son premier, n’auront pas relevé l’impression de se moquer de nous qu’offrit Padilla à son premier qu’il bâcla. Juan José qui coupa deux oreilles à son second, plus toréable que son précédent. Valverde qui hérita d’un second plus noble, offrit quelque chose. Mais tous s’accordent à dire que Julien Lescarret coupa une oreille très mérité à son premier adversaire, qui cherchait, qui ne se laissait pas faire du tout, et qu’il toréa principalement à gauche et au centre de la piste. Une lidia, que Julien poussa jusqu’à être le seul torero du jour, et de l’ensemble de la feria, à se soucier de la mise en suerte au cheval de ses deux opposants. Malheureusement, la pétition tout juste minoritaire à son second, ne lui a pas permis de sortir à hombros aux côtés de Padilla, ce qui à mon sens aurait été plus mérité que pour le Cyclone de Jérez.
Des toros de Miura qui prirent des piques, mais sans réelle alégria, malgré quelques cas isolés comme le second de Valverde, mais de présentation comme les aime le public de Béziers. Ce public qui accepte même la sortie du dernier toro de la tarde, annoncé au micro par la présidence comme s’étant fortement abîmé la corne gauche, mais comme c’est un Miura, il sort quand même.

La feria de Béziers s’achève donc avec l’impression de s’être bien fait avoir avec la sortie d’un toro abîmé, comme si le nom de Miura était synonyme d’acceptation de tout. Mais aussi sur la réflexion d’un aficionado, disant que si l’on veut voir des piques, il ne faut pas venir à Béziers. La réflexion est donc engagée pour l’an prochain.

El Exilado.